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ARTHROPOMANIA BOTANICA
16 juin 2018

LES MALHEURS DU MONARQUE !

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Chacun de nous a déjà entendu parler du papillon Monarque (Danaus plexippus), une espèce principalement américaine de lépidoptères migrateurs.

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Photographie du net. Cliquer pour agrandir !

Ce grand papillon (8,5 cm à 12,5 cm d'envergure) est célèbre pour ses migrations de grande ampleur en Amérique, où il se déplace par groupes de millions d'individus sur des distances pouvant atteindre 4 000 km, deux fois par an, d'août à octobre vers le Sud (surtout au Mexique) et au printemps vers le Nord.

 

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L'un des aspects les plus curieux de la migration des Monarques est que leur voyage du Sud au Nord se fait en plusieurs générations, alors que le voyage du Nord au Sud se fait en une seule. Les monarques naissant en automne entrent dans une phase de diapause, ce qui leur permet de survivre toute la durée de l'hiver. Cela leur permettra de migrer de la région des Grands Lacs et du Sud de la Californie vers l'état du Michoacan au Mexique où ils vivront à l'état d'inactivité dans des forêts de sapins sacrés (ou oyamel - abies religiosa).

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   Clichés du net.

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Les Monarques y sont présents en nombre si important qu'on ne peut parfois même plus distinguer la moindre parcelle d'écorce où ils se posent. Les papillons se regroupent en essaims la nuit et prennent leur envol le jour, si la température est suffisamment élevée. 

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Photo du net. Cliquer pour agrandir !

Les malheurs du Monarque ...

Etant donné la diminution importante des populations de Monarques observée au Mexique et en Californie depuis les années 1990, la situation de l'espèce préoccupe plusieurs organismes environnementaux et gouvernements. Au Canada, le Monarque est une espèce en voie de disparition. Aux Etats-Unis, notre beau papillon est en évaluation pour déterminer s'il aura désormais le même statut.

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Superficie occupée par le Monarque (population migratrice de l'est) dans les aires d'hivernage au Mexique de 1993 à 2018

Monarque et OGM : un désastreux roman !

En Amérique du Nord, où la "malbouffe" fait partie du mode de vie, l'assiette du consommateur n'est pas un thème mobilisateur pendant toute la "période calme" qui accompagne la diffusion des OGM à grande échelle. En revanche, un événement va infléchir la perception de l'opinion publique qui, d'un coup, s'interroge sur la fiabilité et l'impartialité des agences de réglementation dans leur gestion des risques associés aux produits issus des biotechnologies. Cela concerne le papillon Monarque, ce lépidoptère migrateur emblème de l'Amérique, qui deviendra le symbole le plus efficace de la cause anti-OGM aux Etats-Unis.

 

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Le 20 mai 1999, en effet, la revue scientifique "Nature" publie une étude réalisée par John Losey, un entomologiste de l'université Cornell de New York : avec deux collèges, le chercheur a étudié les effets d'un maïs Bt produit par Novartis (aujourd'hui Syngenta), censé combattre la pyrale, un parasite de la céréale, sur les larves du Monarque. Rappelons que les OGM "Bt" ont emprunté leur nom à une bactérie qui se trouve naturellement dans le sol, "Bacillus thuringiensis, laquelle agit à la façon d'un insecticide.

Isolé en 1901 par un bactériologiste japonais, ce bacille est utilisé sous forme de pulvérisation par les agriculteurs biologiques parce qu'il présente la propriété de se dégrader rapidement au soleil, permettant des interventions ponctuelles sans conséquence pour l'environnement ni pour les populations d'insectes non ciblées. Or la biotechnologie change complètement la donne ! En effet, l'insertion du gène qui code pour la toxine fait que celle-ci s'exprime en permanence dans toute la plante, au risque d'affecter toutes les populations d'insectes, les nuisibles comme les utiles (dont la chrysope, prédatrice de la pyrale que le maïs Bt est censé combattre).

Au moment où le docteur Losey s'intéresse au Monarque, diverses études ont déjà montré que les cultures Bt peuvent être fatales pour des insectes bénéfiques comme les coccinelles, mais aussi les micro-organismes du sol ou les oiseaux insectivores. Dans son laboratoire, l'équipe de l'université Cornell a nourri des larves de Monarque avec des feuilles d'asclépiades, leur menu favori, saupoudrées avec du pollen de maïs Bt. Résultat : "Quatre jours plus tard, 44% des larves avaient succombé et les survivantes avaient perdu l'appétit. En revanche, pas une des larves exposées à des feuilles accommodées avec du pollen naturel n'était morte."

En Amérique du Nord, l'étude provoque une vive émotion, tandis que, le jour même de sa publication, la Commission européenne annonce la suspension des demandes d'autorisation de mise sur le marché de plusieurs variétés Bt, dont celles de Monsanto. "Il s'agit d'observations faites en laboratoire, dans des conditions qui ont poussé le Monarque dans ses derniers retranchements", se défend Christian Morin, le porte-parole de Novartis, qui demande que les observations soient répétées dans les champs. Mais rien n'y fait : les malheurs du papillon chéri des Américains portent un sérieux coup aux exportations de maïs vers l'Europe, qui s'effondrent du jour au lendemain !

Bien évidemment, les fabricants d'OGM, Monsanto en tête, organisent la riposte en menant une campagne destinée à "minimiser, voire ridiculiser l'étude", au besoin en diffusant des "informations trompeuses, fantaisistes et montrant une grande méconnaissance de l'histoire naturelle du Monarque", ainsi que l'écrit en 2001 Lincoln Brower, un entomologiste qui travaille depuis 1954 sur le papillon mythique. Cet article très informé montre comment un débat scientifique peut être complètement perverti par des intérêts privés, avec la complicité des instances gouvernementales et d'une partie de la communauté scientifique.

"Malheureusement, déplore Lincoln Brower, le débat sur les découvertes de l'université Cornell, détourné et manipulé par l'industrie agricole, a fait perdre de vue un enjeu beaucoup plus large et sérieux : le danger réel que les plantes transgéniques accélèrent l'appauvrissement de la biodiversité." Au passage, il note que l'usage intensif du Roundup a fait disparaître toutes les fleurs sauvages comme les asclépiades dont le Monarque dépend pour sa survie !

Pourtant, les résultats de l'université Cornell seront confirmés par une étude de l'université de l'Iowa, publiée le 19 août 2000 dans la revue "OEcologia". "Nous avons constaté qu'après cinq jours d'exposition au pollen Bt, 70% des larves de Monarque étaient mortes, commente John Obrycki qui dirigea la recherche réalisée en plein champ avec des feuilles d'asclépiades prélevées à proximité des cultures transgéniques.

A l'époque, la polémique avait redémarré

mais elle fut très vite dépassée par le cataclysme

" StarLink *"

le plus grand scandale sanitaire et environnemental

qu'aient jamais provoqué, à ce jour, les OGM ...

                                                                                                      Inachos

 

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* StarLink : Le 18 septembre 2000, "les Amis de la Terre" publient un communiqué qui déclenche un véritable cataclysme : l'association écologique américaine annonce qu'elle a fait analyser des échantillons de maïs (chips, tacos, céréales, farines, soupes, galettes) achetés dans les supermarchés et que les tests ont révélé la présence de traces de StarLink, un maïs Bt produit par Aventis, interdit à la consommation humaine. De fait, pour augmenter la fonction insecticide de son OGM, la firme y a introduit une protéine Bt (Cry9C) particulièrement lourde et stable, "suspectée de causer des allergies, parce qu'elle présente une capacité accrue de résistance à la chaleur et aux sucs gastriques, ce qui donne plus de temps à l'organisme de surréagir", ainsi que l'explique le Washington Post. Voilà pourquoi l'Agence de Protection de l'Environnement (EPA) a limité la commercialisation de ce maïs Bt à la seule consommation animale et à la production d'éthanol... Or, comme rien ne ressemble plus à un maïs conventionnel qu'un maïs OGM, les négociants en grains, qui n'étaient pas informés de la subtilité bureaucratique, ont mélangé StarLink avec les autres variétés jaunes de la céréale...

 

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