REGNE FONGIQUE !

Pourquoi donc avoir ajouté au bandeau d'ARTHROPOMANIA BOTANICA ci-dessus le vocable "FONGICA" ? Et pourquoi avoir intitulé cet article "REGNE FONGIQUE" plutôt que tout simplement "CHAMPIGNONS" ? 

La réponse est dans ce qui suit... 

La botanique est la science qui regroupe l'ensemble des disciplines qui étudient les végétaux. Cette biologie végétale est une branche de la biologie qui implique l'étude scientifique des plantes vivantes. Aussi, traditionnellement, la botanique a inclus l'étude des champignons, des algues et même des virus...

Mais déjà, en 1728, le botaniste et médecin français Antoine de Jussieu créa une classe à part des plantes, regroupant les champignons et les lichens. Il est vrai que le vocable "champignon" est ambigu, car son sens dépend largement du contexte, à tel point que les scientifiques d'aujourd'hui préfèrent utiliser les expressions "organismes fongiques" ou bien "mycètes" pour désigner l'ensemble des organismes appartenant à la famille des champignons : moisissures, levures, oïdiums, bolets, truffes, rouilles, charbons, lichens ou encore mildious...

Ce ne sont que quelques exemples parmi différents groupes bien connus de champignons ; ou plutôt de mycètes, car tous ces organismes ne produisent pas des champignons. Parmi ces mycètes, de nombreux groupes sont en effet complètement inconnus du grand public et souvent même des amateurs, tout en jouant parfois un rôle important dans notre vie quotidienne.  

Dans les pages d'ARTHROPOMANIA BOTANICA FONGICA qui suivront cet article, Inachos essaiera de lever un morceau de voile afin de vous présenter une petite sélection - qui ne se veut pas exhaustive du tout - parmi l'énorme diversité qui existe chez les champignons...

Les scientifiques s'accordent donc aujourd'hui pour affirmer que les champignons ne sont pas des plantes, mais forment ...

un règne à part entière !

Autrefois classés avec les algues dans les végétaux "sans rameaux feuillés" et non chlorophylliens, les mycètes constituent un règne autonome, le cinquième règne ou règne fongique (du latin fungus = champignon).

Comparée à celle des végétaux, la définition de l'organisme fongique est d'abord négative : dépourvu de tige, de feuilles et de racines. Il est formé d'un appareil végétatif appelé "thalle", sans tissus fonctionnels ni organes différenciés, constitué de cellules végétatives allongées et cloisonnées nommées "hyphes". Ces hyphes s'associent le plus souvent en "mycélium", sorte de feutrage difficile à voir à l'oeil nu et le plus souvent impossible à identifier en l'état.

La reproduction des organismes fongiques est très discrète et d'apparence capricieuse, tantôt asexuée, tantôt sexuée, au moyen de cellules spéciales : les spores. Le champignon ne produisant pas de fleurs, il ne peut être un fruit ou "carpophore" au sens botanique, aussi l'appareil portant des spores et permettant la reproduction est aujourd'hui désigné par le terme "sporophore".

Chez les champignons "supérieurs", cet appareil (souvent constitué d'un pied, d'un chapeau et communément appelé champignon) est particulièrement développé, le reste du champignon (le mycélium) étant souterrain, au coeur du bois, du végétal ou de l'hôte animal et par conséquent invisible !

Les champignons "inférieurs" peuvent aussi produire des sporophores mais ceux-ci demeurent microscopiques. La plupart des champignons ont une structure multicellulaire mais il existe des exceptions notables : ainsi les levures sont unicellulaires...

Il serait logique de dire que les organismes fongiques sont, quelque part, des infirmes. En effet, ils sont privés de chlorophylle, cette substance magique qui permet aux "plantes vertes" de tirer le meilleur de leur nourriture de l'atmosphère dont elles distillent, pour ainsi dire, le gaz carbonique. Rappelons que le carbone est à la base de tous les lipides, de tous les sucres et amidons que les plantes accumulent. Grâce à cette propriété, les plantes servent de nourriture à tous les animaux, même aux carnivores qui se nourrissent d'herbe par herbivores interposés.

Organismes dépourvus de chlorophylle, les organismes fongiques ont adopté :

3 modes de nutrition !

1. Beaucoup vivent en saprophytes, c'est-à-dire qu'ils se nourrissent de matières végétales ou animales mortes et en décomposition. Ils jouent donc un rôle éminent dans l'équilibre des écosystèmes. Ce sont eux qui, sans arrêt, réduisent les feuilles mortes et les fragments ligneux dans nos forêts, les transforment en terreau ou les ramènent à leurs éléments minéraux, de nouveaux assimilables par les racines des autres plantes. On peut les considérer comme les éboueurs de la nature ! 

2. D'autres ont adopté la solution du parasitisme et s'installent notamment sur les arbres qu'ils vident de leur substance pour s'en nourrir. Invisibles à l'oeil nu, des formes microscopiques s'en prennent bien sûr aux denrées alimentaires mais aussi aux végétaux, aux animaux et enfin à l'homme lui-même, touché par des mycoses diverses et des toxicoses alimentaires plus ou moins graves...

3. La dernière catégorie d'organismes fongiques forme des associations étroites et harmonieuses nommées symbioses, souvent avec des végétaux supérieurs, et dans ce cas les deux partenaires en tirent profit. Par exemple, l'organisme fongique fournit à l'arbre sa nourriture minérale, tandis que l'arbre cède des substances carbonées au champignon. Une relation très poussée existe également entre certains champignons et des algues. Ensemble, ils forment des végétaux très répandus qui passionnent d'ailleurs particulièrement Inachos : les lichens !

Pour conclure, s'intéresser à la mycologie permet de découvrir un monde fabuleux aux facettes multiples et en très grande partie méconnu. Bien que le mot "champignon" éveille le plus souvent l'image d'un organisme pourvu d'un pied et d'un chapeau, associé aux délices d'un bon repas, ce réflexe quasi - pavlovien est extrêmement réducteur, à plusieurs titres...

La diversité du règne fongique est considérable et on parle de 1,5 million d'espèces de champignons sur Terre ... dont on ne connaît que 5 à 10 %. Ces organismes, au-delà de l'aspect culinaire (ou toxique), sont pourvus de propriétés qui les impliquent étroitement dans la vie de l'Homme : des médicaments (les antibiotiques, par exemple) proviennent des champignons alors que d'autres fournissent, par des fermentations et procédés biotechniques, des éléments essentiels (le pain, le fromage, le vin, etc.) ... 

Qu'on les apprécie positivement ou négativement sous cet angle anthropocentrique ne change pas leur importance cruciale dans le fonctionnement des écosystèmes :

sans eux, rien de ce qui nous entoure ne fonctionnerait correctement et l'équilibre des milieux naturels dépend largement de leur présence !